Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Patrimoine communal d’Eure-et-Loir. Les mares

mare.pngUn article de Catherine Turpin. Paru dans une belle série de "La Gazette. Beauce, Perche et Thymerais". 


Catherine Turpin, professeure d'allemand devenue historienne,  est notamment l'auteure de "Daniel Parker (1754-1829) Un capitaliste américain au carrefour de deux révolutions aux États-Unis et en France" Editions L'Harmattan.  L'article ci-dessous est paru dans  "La Gazette. Beauce, Perche et Thymerais" dans le cadre d'une belle série sur le patrimoine eurélien. 

mare 1.pngÀ mon arrivée à Marville-les-Bois, non loin de Châteauneuf-en-Thymerais, j’ai été stupéfaite de voir des adultes et des enfants pêcher dans ce qui me semblait être des trous d’eau stagnante. D’ailleurs c’est la définition de la mare : « une étendue d’eau stagnante, pouvant être temporaire, normalement sans système artificiel de régulation 
du niveau d’eau, de taille variable, pouvant mesurer de 5 à 5 000 mètres carrés et d’une profondeur n’excédant pas 2 mètres ».  
J’ai cru longtemps que Marville devait son toponyme à ses mares. Le polyptique d’Irminion m’a détrompée : l’étymologie est latine : « Majoris villa » signifie « la ville du maire » et renvoie à l’implantation de colons qui au IXe siècle, étaient répartis dans des villae, sortes de seigneuries soumises à l’autorité du maire du fisc et placées sous l’autorité de l’abbaye de Saint-Germain-des-Prés.

Les mares en Eure-et-Loir
Le département recense 725 mares situées dans les villages ou en plein champ (sur un total de 600 000 au niveau national). Ceci est dû à la formation géologique : la couche d’argile à silex qui supporte le limon des champs est imperméable et n’absorbe que lentement l’eau des pluies.    
Les mares sont diverses : il y a celles qui sont entourées de murettes, celles qui ont des berges végétalisées ou retenues par des pierres et ressemblent à des étangs, celles qui remplissent les douves des anciennes fermes fortifiées, celles qui ne retiennent plus l’eau, celles dont le fond a été cimenté et celles qui ont été comblées. Depuis 1950, 50 à 70% des mares françaises ont disparu.

De l’utilité des mares

Simples argilières d’où était tirée la terre utilisée dans la construction des maisons, les mares assurent aujourd’hui un rôle de drainage non négligeable et de réserve d’eau fort utile en cas d’incendie. Au début du XXe siècle, elles servaient d’abreuvoir aux animaux. Pour cette raison, l’eau devait y demeurer propre. Les cartes postales de 1904 étaient accompagnées du commentaire suivant : 
« Les mares servent généralement à abreuver les bestiaux. Elles sont préférables pour cet usage, aux puits et aux citernes, surtout quand elles sont grandes et agitées par les vents, qui en rendent l’eau plus saine et plus légère. L’hygiène exige qu’elles soient tenues proprement. Il faut pour cela les mettre de temps en temps à sec, afin de les débarrasser plus complètement des détritus animaux et végétaux qui les encombrent et peuvent occasionner des accidents intestinaux. Ces détritus sont d’excellents engrais pour le sol. »

   Elles étaient aussi le point de rencontre des femmes qui lavaient leur linge au lavoir. Si l’été elles papotaient avec entrain, l’hiver elles n’avaient qu’une hâte, en terminer avec leur labeur, tellement leurs doigts étaient gourds.

La conservation des mares

   Les temps ont bien changé : les mares servent désormais de lieu de promenade et d’observation des espèces. Elles ne servent à la pêche qu’à deux conditions.  Il ne faut pas que les plantes invasives les aient recouvertes, ni que la commune ait respecté la mise en garde de la Fédération France Nature contre l’introduction des poissons censés détruire la biodiversité.
   Maintenant que leur utilité ne fait plus de doute – elles contribuent à établir une micro-zone tempérée – il s’agit de les conserver et surtout de les entretenir en éclaircissant la végétation tout en gardant des zones refuges et en évacuant la vase régulièrement.  

Mare 2.png

Écrire un commentaire

Optionnel