Pierre Toufaire, humaniste, ingénieur et architecte méconnu.
Les Editions du Colombier viennent de publier un livre de Bernard Cartier consacré à un ingénieur et architecte eurélien trop peu connu, Pierre Toufaire.
Né à Châteaudun en 1739, Pierre Toufaire est mort à Toulon en 1794, après une vie brève mais bien remplie. Pendant plusieurs années, il a noté ses activités et ses réflexions dans des carnets qui ont été publiés sous le titre « Un ingénieur de la marine au temps des Lumières » aux Presses Universitaires de Rennes. Bernard Cartier, ancien cancérologue des hôpitaux de Chartres devenu romancier et historien, s’est appuyé sur ces carnets pour nous offrir une belle biographie « Pierre Toufaire. Architecte et ingénieur dunois du XVIII° siècle » aux Editions du Colombier.
Un portrait et une citation nous permettent de situer ce personnage méconnu. Le portrait ci-contre, reproduit sur la couverture du livre, fut peint alors qu’il avait quarante ans. Son regard révèle un esprit vif. L’ensemble de son visage montre sa bienveillance. Dans un rapport sur le bagne de Toulon, rendu en 1792 au ministre de la marine, il souligne : « Le défaut d’éducation et la misère sont les principales causes des crimes commis… les citoyens vertueux entrevoient le moment où un gouvernement paternel va détruire en majeure partie la source de ces horreurs en formant un enseignement général et public ».
Bernard Cartier consacre 120 pages à décrire la vie de Pierre Toufaire. Ce parcours est accompagné de nombreuses illustrations, plans, gravures et photos de monuments de notre humaniste eurélien. Il est né dans une famille bourgeoise à Châteaudun. Son père, entrepreneur de travaux publics originaire du Calvados, s’est installé dans la ville à la suite du grand incendie de 1723. Pierre suit la même voie et s’instruit pour devenir à la fois architecte et ingénieur. C’est à lui que nous devons l’hôtel de ville de Châteaudun.
Il poursuivra une belle carrière en mettant sur pied la première grande usine métallurgique du Creusot. A Indret, près de Nantes, il organise une fonderie chargée de produire des canons. Il devient ingénieur ordinaire des ports et arsenaux attaché au port de Rochefort. Il y donnera toute sa mesure en aménageant le port, de première importance à l’époque, et l’hôpital de la Marine, et en s’investissant dans l’assainissement de la ville construite en partie sur un marécage. Bernard Cartier ajoute à cette biographie six pages instructives sur l’architecture de l’époque et quatre pages sur l’industrie.
Nous avons là un bel ouvrage qui, au-delà de la redécouverte d’un personnage de bâtisseur humaniste, nous permet de comprendre comment le pays de France s’est construit au fil des siècles.
L'hôtel de ville de Châteaudun en 1909.
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