Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Rémy Belleau "Le septième astre de La Pléiade"

Belleau .pngUn article de Philippe Collonge, paru dans la série consacrée au patrimoine eurélien publiée par "La Gazette. Beauce, Perche et Thymerais". 

Philippe Collonge est l'auteur de plusieurs ouvrages historiques. Beaucoup d’entre nous ont déjà lu ses « Curiosités historiques et littéraires d’Eure-et-Loir » Bibliomane avéré, il a tenu quelques années une boutique de livres anciens. Il est aujourd’hui un des animateurs de la "Bouquinerie associative " installée place St Nicolas à Courville. Un article lui a été consacré dans notre blog du Cercle Condorcet-Viollette. L'article ci-dessous est paru dans "La Gazette. Beauce, Perche et Thymerais". 

C’est sous cette appellation élogieuse - et justifiée - que Ronsard désignait son ami Belleau, né en 1528 à Nogent-le-Rotrou (à l’époque Nogent-au-Perche) et plus jeune que lui de quatre années. Au IIIe siècle un groupe de poètes portait déjà le nom de cette constellation d’étoiles qui se limite en effet à sept, mais force est de reconnaître qu’au XVIe siècle notre Pléiade française dépassa ce nombre, en raison de la profusion des talents et du remplacement des disparus par de nouveaux élus… Un peu éclipsée par celles de Ronsard et Du Bellay, l’étoile de Rémy Belleau scintille plus discrètement, ce qui doit convenir à un poète dont le talent et la culture s’accompagnaient d’une grande modestie.

statue de remy belleau.jpg

Sa vie et son œuvre ont fait récemment l’objet d’un essai richement illustré(1), édité par les « Amis de Rémy Belleau », une Association fondée en 2017. Sous la plume de Jean-Jérôme de Souancé, nous suivons le poète qui sera tout au long de son existence protégé par la puissante famille de Guise. Il va passer plusieurs mois en Italie, accompagnant son protecteur dans une campagne militaire qui devait assez peu correspondre à ses goûts, avant de rejoindre la cour des Lorraine-Guise au château de Joinville en Haute-Marne. On lui confiera entre autres l’éducation du jeune Charles de Lorraine (1556-1605) futur duc d’Elbeuf. Ses nouvelles fonctions lui permettront alors de se consacrer sereinement à « l’art des vers ».

En helléniste talentueux il se fait remarquer par une traduction des Odes du poète grec Anacréon (VIe siècle avant J.C.), et il écrit une pièce de théâtre originale « La Reconnue » dont le sujet marque une rupture avec les traditions religieuses ou burlesques encore à la mode à son époque . Il apporte également sa contribution à la « Défense et illustration de la langue française », sorte de manifeste des poètes de la Pléiade que rédige Joaquim Du Bellay pour faire suite à l’Édit de Villers-Cotterêts (2) promulgué en 1539 par François Ier . Gardant un lien étroit avec sa ville de naissance, où vit toujours son frère Guillaume, il participe en 1558 à l’élaboration des « Coutumes des Pays du Grand Perche ». Mais les deux ouvrages qui témoignent essentiellement de son talent de poète sont « La Bergerie » et une suite d’Odes aux Pierres précieuses (3) où il nous confie à la fois son amour et son respect de la nature, de la vie… et des Belles Dames de la Cour !

belleau 1.jpgExtrait :« Si tu veux que je meurs » (La Bergerie)

.../...L’un va cherchant la mort aux flancs d’une muraille,

En escarmouche, en garde, en assaut, en bataille,

Pour acheter un nom qu’on surnomme l’honneur,

Mais moi je veux mourir sur tes lèvres, Maîtresse,

C’est ma gloire, mon heure, mon trésor, ma richesse,

Car j’ai logé ma vie en ta bouche, mon cœur.

D’une santé fragilisé par des accès de tuberculose, mais convaincu du pouvoir thérapeutique de la poésie, de la musique, et du rire (4), Rémy Belleau bénéficiera jusqu’à la fin de sa vie de l’aisance financière que lui assuraient ses liens avec la famille de Guise. Toutefois il s’efforcera de se tenir à l’écart des conflits religieux qui ensanglantèrent la France à son époque. Célibataire, il aimera en secret Claude-Catherine de Clermont, Maréchale et duchesse de Retz, une des femmes les plus remarquables de son temps, qui fut Dame d’honneur de Catherine de Médicis puis de la Reine Margot : elle est La Turquoise de sa galerie des Pierres précieuses, « Pleine d’honneur et de bonté, Rare en savoir, rare en beauté ».

A sa mort en 1577, le « gentil Belleau » fut inhumé au Couvent des Augustins de Paris, proche du Pont-Neuf, et qui fut détruit à la Révolution. Sa modestie et son humour bienveillant transparaissent dans ces quatre vers extraits de « L’Escargot » une poésie dédiée à Pierre de Ronsard :

 

« Puisque je sais qu’as en estime

Le petit labeur de ma rime

Point je ne veux être de ceux

Qui sont au métier paresseux... »

Note 1 « my Belleau et le Parnasse Nogentais » (Aquarelles et calligraphie d’Eric Montigny) - 2022

Note 2 Cette ordonnance - la plus ancienne des lois encore en vigueur en France- donnait la priorité officielle du français sur le latin dans l’administration du pays .

Note 3 « Amours et nouveaux eschanges des Pierres précieuses, vertus et proprietez d’icelles. »

Note 4 « Rémy Belleau et l’Art de guérir » Étude de Jean Braybrook, Universitaire anglaise - 2013

belleau lycee.jpg

QUESTION SUBSIDIAIRE : Le Lycée Rémi-Belleau de Nogent-le-Rotrou retrouvera-t-il un jour le I grec du prénom de celui qui fut un des meilleurs hellénistes de son temps ?

 

Écrire un commentaire

Optionnel